KHMAIRES VERTS
Comment la crise du Covid
accélère l’emprise d’une écologie politique totalitaire et révolutionnaire sur
la démocratie ?
Comment ne pas admettre que le changement que vit l’humanité ces vingt dernières années (voir post précédent) est entrain de connaître une accélération stupéfiante avec les conséquences de la crise sanitaire du Covid 19, non seulement dans ses aspects de contrôles et d’injonctions liberticides, mais dans ses conséquences, tout aussi liberticides, d’une écologie politique de plus en plus totalitaire ?
Au-delà de ce constat, se trouve
l’évidence de l’émergence d’une société toujours plus polarisée et conflictuelle
dans ses rapports nés d’une nouvelle lutte des genres en lieu et place de
l’historique lutte des classes, désormais obsolète ?
Comme si le port du masque
obligatoire, et donc le Covid, dont le lien avec l’effondrement climatique
reste encore à établir (il y a des gens qui y croient !), comme si donc
toutes ces mesures rendaient subitement (et subtilement) possible l’application
de la panoplie de mesures coercitives rêvées de longue dates par les khmers
(maires aussi) verts récemment élus, et enfin applicable à la faveur de cette
docilité soudaine obtenue d’une population volontairement asservie par la
peur ? Il y a, c’est vrai, un momentum extraordinaire à profiter de
cette période de crise de la liberté, et de renonciation aux principes premiers
de la démocratie (telles la liberté de réunion, la liberté de circuler, la
liberté de consommer, etc…), pour faire passer en force, dans un rapide tour de
passe-passe, l’arsenal des mesures politiques de l’écologie la plus radicale,
telle que même le plus vert des ayatollahs verts du « monde d’avant »
n’aurait jamais osé rêver.
Cette synchronicité de mesures
prises en faveur de la sécurité sanitaire et en même temps (comme dirait
Manu !) d’une écologie de la contrainte, présenté comme le salut de
l’humanité, saute en effet aux yeux, quitte à laisser au vestiaire de la
démocratie les principes les plus fondateurs de la démocratie.
Cela se ressent principalement,
mais pas seulement, dans la mobilité en zone urbaine qui traduit sans plus la
moindre dissimulation l’autophobie, cette haine viscérale pour la voiture, ce
support emblématique, ce prolongement naturel, ce symbole même de la virilité
patriarcale honnie. Car cette haine de l’automobile ne s’attache pas uniquement
à la pollution : elle se relie également à une réfutation de tout ce qui
se rattache à l’industrie, surtout pétrolière, au béton, à l’acier, et par
conséquence, aux Trente glorieuses, au progrès, au capitalisme, et de près ou
de loin, tout ce qui se rattache au père, à la famille, aux ancêtres et aux
frontières.
Voyons ainsi, conséquemment, et en ville
essentiellement, ce nouveau culte pour le vélo (le plus souvent électrique et
donc polluant, désormais), devenu la version augmentée du corps de l’écolo
urbain dans ses nécessités de se déplacer, et auquel il est bien question aujourd’hui
de réserver la plus large portion possible de voie circulable, au détriment
assumé de l’automobile.
Comme si le vélo était devenu
subitement la seule échappatoire possible aux problèmes de mobilité et donc de
pollution des centres urbains, ce tout-au-vélo électrique semble oublier la
fabrication et le recyclage des batteries, en générant des situations rendant
sa pratique totalement inapplicable, et pour cause…
Force est de constater que ces
mesures écolo-contraignantes, totalement liberticides, sont souvent élaborées
en chambre par des poignées de célibataires urbains de moins de quarante ans
(ou un peu plus, lorsqu’ils pratiquent le jeunisme qui les caractérise :
«le vélo cela maintient en forme ! »), c’est-à-dire des personnes ne
rencontrant aucun des problèmes liés à la vieillesse, à la parentalité
nombreuse, à la dépendance physique, au surpoids, à la maladie, au handicap… ou
à l’isolement.
Tout est en effet dessiné par et
pour des urbains vivant au centre des villes. Ainsi, les personnes venant de
loin, ces navetteurs tant conspués pour leur incapacité à payer leurs impôts
dans la ville ou la région où ils travaillent le jour et qu’ils quittent le
soir, et qui apparaissent comme des parasites de la ville, bien souvent
pénalisés par la distance, paupérisés par une politique du logement les condamnant
à habiter loin, en périphérie ou en province, ceux-là sont priés de venir à
vélo, ou d’en trouver un en location, une fois arrivés à la gare. On imagine
sans mal le problème, lorsque les transports en commun sont en grève ou
parfaitement insuffisants, de se présenter aux portes de la ville ou même d’y
accéder en plein centre, pour ensuite prendre un vélo (électrique) de location,
par tous les temps …
Le principe sacro-saint de la
multimodalité est fondé sur la souplesse et sur la possibilité d’alterner tous
les moyens de transports sans pénaliser les uns au profit d’un autre… Or, c’est
clairement le cas dans nos villes, et en particulier à Bruxelles, où l’objectif
de cette politique écolo-liberticide est de précisément décourager
l’automobiliste et de le planter sur une selle.
Mais d’où souffle donc ce vent de
l’écologie radicale qui, à bien y regarder, se trouve très loin des
préoccupations liées à l’environnement ? Qui sont les nouveaux censeurs du
pur et de l’impur, qui endossent le costume de Robespierre contemporains, qui
édictent leurs lois du haut de leur olympe de certitudes ? De quoi se
nourrit ce sans-culottisme moderne qui, sous le couvert de défendre le bien
commun, impose sa vision du monde fondé sur une prétendue souveraineté
populaire ?
Ces Catalina aux petits pieds,
après la chute du communisme dont ils sont tous plus ou moins nostalgiques, continuent
de faire vivre cette idée, issue de la Révolution française, de la souveraineté
du peuple en vue de la justice.
Dans cette perspective, la
démocratie doit être la plus directe possible avec un contrôle étroit des
représentants, tout en admettant leur nécessité. Elle se traduit aussi sur le
plan économique par l’impératif de subordonner la sphère économique aux
principes politiques. Si (et puisque, dans leur esprit) l’économie de marché et
de libre-échange (confondue avec le néo-libéralisme) ne peut plus être la condition
d’émergence d’une société juste, conditionnant pourtant autrefois
l’amélioration du niveau de vie, du progrès et du confort des masses
laborieuses désormais asservies, il convient de lui couper les ailes en
touchant directement se fondements : retour de l’Etat interventionniste,
suprématie de la loi sur le contrat, contrainte dans la libre circulation des
biens et des personnes (la mobilité dite « douce »), régimes de
taxation élevés, renforcement du pouvoir des administrations, légitimation des
certifications, augmentation des contrôles, notamment sanitaires et
environnementaux, etc… Voilà les principaux ingrédients du bouillon (de la
bouillie ?) de l’écologie politique.
L’opposition des deux principes
qui caractérisent l’antinomie de la gauche et de la droite, à savoir le
gouvernement de l’éthique (gauche) contre celui de la responsabilité (droite),
cette opposition doit être réduite, telle une fracture par un plâtre, au profit
de la seule éthique. On l’a vu dans la gestion de la crise
sanitaire : l’éthique a dominé la responsabilité. Tant pis pour les lourds
effets induits par la gestion de la pandémie au titre économique (et donc social),
seul compte le principe de « une vie = une vie » et la sécurité
sanitaire qui culmine au sommet des préoccupations primordiales, primant toutes
les autres. La responsabilité des mesures prises ne porte que sur les effets
directs liés à la santé. Pour le reste, on avisera… en toute irresponsabilité,
appelant.
L’écologie politique doctrinaire
et dogmatique a pour elle d’être portée par le mouvement de l’Histoire. Elle
répond au plus grand danger menaçant le Vivant, à savoir la menace écologique,
l’effondrement de la biodiversité et le dérèglement climatique. Toute mesure de
contrainte écologique totalitaire trouve sa justification sur base de ce péril
immense. Partant, tout amalgame avec la crise du COVID est désormais possible. Au
nom du bien commun, la sécurité sanitaire a rejoint la sécurité environnementale
dans un chorus anti libéral qui renforce un peu plus l’aérodynamisme du
discours de l’écologie politique, au sens large…
Les mesures que défendent ces
écologistes, et que l’on retrouve directement empruntées à la Convention
citoyenne pour le climat, relèvent d’une grande simplicité. Les principes sont
énoncés sans détours, il faut entrer en déflation, ralentir la course effrénée
du monde, restreindre les déplacements, diminuer les émissions de gaz à effets
de serre, placer des éoliennes, fermer les centrales nucléaires, isoler les
maisons, trier les ordures, recycler / réparer et non jeter, …
Ces mesures sont souvent de bon
aloi, compte tenu de l’urgence climatique. Mais elles dégoulinent de morale
progressiste pétrie d’amour de la planète, d’amour des animaux, d’amour de
l’humanité…
Au nom de cette morale, il faut
combattre le déchet sous toute forme : nucléaire, ménager, chimique,
combustible (plus de feu de bois à Paris dans les cheminées des intérieurs
bourgeois), ou automobiles. Les déchets sont non seulement sales, mais surtout
ils sont impurs ! Et peu importe si les éoliennes polluent visuellement le
paysage : l’utile prime toujours sur le beau (notamment sur l’élégance, vu
l’attirail de cyclistes ou leurs sportswears de tous les jours). L’utile et
surtout l’efficace prime aussi sur la liberté, qui d’après la Convention
citoyenne sur le climat « ne saurait compromettre la préservation de
l’environnement ». Sous le dogme, la laideur s’étale et la tyrannie
pointe.
Le beau n’est donc pas pour eux une
valeur platonicienne, la liberté n’est donc pas une valeur démocratique
intangible : l’un et l’autre s’effacent devant le dogme écologique. Mais
au-delà de l’utile, qui prime sur la beauté, un ultime combat porte sur le
passé, au sens générique.
Pour les écolo-totalitaires, le
passé ne pourrait en aucun cas être un frein au développement futuriste de la
ville ou de nos campagnes. « Du passé, faisons table rase », célèbre
antienne révolutionnaire, leur convient à merveille. Une posture révolutionnaire,
mais non violente, qui n’envisage pas une lutte armée, mais une pratique du
déni, de l’effacement, du remplacement. Pas question qu’une tradition ne vienne
entraver la marche non violente de la révolution verte : voyons par
exemple Bordeaux dont le maire récemment élu (grâce à une abstention massive,
il l’oublie !) a décidé qu’il n’y aurait pas de sapin de Noël dans la
ville, cette année… Qu’est-ce que ce culte autour d’un arbre mort, alors que la
déforestation mondiale est en cours ? Paris piétonnisé, vélocipédisé,
végétalisé, la Bretagne ponctuée d’éoliennes, les toits des maisons tapissés de
panneaux photovoltaïques… surtout, que rien qui ressemble au passé, au paysage
coutumier, aux mœurs anciennes, à la culture religieuse ou au patrimoine architectural
historique ne vienne faire dévier la marche du monde vers le paradis vert
qu’ils nous promettent ! Et ce Tour de France, comble du beaufrérisme
absolu, quelle gabegie dégueulasse de ploucs, avec ces types hyperdopés donnés
en spectacle aux chômeurs !
Tabula rasa, modification
radicale, suppression, remplacement, … tout fait l’objet d’une main mise, d’une
main basse sur le bien commun qu’ils s’approprient pour mieux le dénier, le
dénigrer, le contester, le laminer, sur l’autel de leur nouvelle religion
néo-antique de la Nature. Celle-ci a ressuscité les préceptes et renoué avec
les moyens du Culte de la Raison et de l’Etre suprême de la Révolution
française, organisant ses fêtes civiques (les fameuses ‘parades urbaines’
notamment ‘roller parades’ et autres dimanches sans voitures), assermentant de
forces les tenants de la politique d’avant dans de toxiques alliances
politiques, et pourchassant les hérétiques à coups d’amendes, d’édits
communaux, de décrets subits, de modification des voies de circulation, sans la
moindre concertation, etc…
La fermeture du Bois de la Cambre
à Bruxelles, le péage urbain projeté et l’application totalitaire de Bruxelles
à 30km/h en sont les meilleurs exemples…
De préoccupation démocratique, en
revanche, nada, alors même qu’ils en truffent leur discours pour apporter une
légitimité à leurs actions.
Avec donc la répudiation du passé
et des traditions, c’est tout ce qui fait culture qui peut passer à la trappe.
Et c’est là que le nouvel ordre écologique devient extrêmement inquiétant.
Liberticide, totalitaire et
antidémocratique, l’écologie politique est une arme de liquidation massive de
l’ancien monde, et donc de sa culture, cette culture qui, comme le disait
Malraux « fait civilisation ».
Au-delà donc d’une croisade anti-patriarcale,
dont la haine de la voiture est la plus parfaite des incarnations, c’est tout
ce fameux « monde d’avant » que veut voir disparaître l’écologie
politique : contester l’autorité et ceux qui en sont dépositaires
(policiers, maîtres d’école, etc…), abattre les hiérarchies, les genres, au
profit d’une indifférenciation totale entre le maître et l’élève, la fille et
le garçon, le citoyen et le sans-papiers, un opéra et un bal musette… Les
concepts d’esthétique, de patrimoine, de passé, de nation, de citoyenneté, de
république et même de laïcité peuvent être dissouts dans la chlorophylle
extraite sous la presse de l’écologie politique.
Derrière ce culte du pur et dur
engagement zéro déchet, se trouve donc embusqué, en réalité, une haine du patriarcat,
un féminisme guerrier, souvent avant-postes, pour les plus radicaux, de
l’antiracisme primaire racialiste, où l’universel fait place aux identité
revanchardes, déboulonnant les statues et culpabilisant le blanc dans son
soi-disant privilège.
Dénonçant les catastrophes
écologiques en cours, et les dommages consécutifs de la pollution, à juste
titre !, ils appliquent en réalité des solutions draconiennes et
liberticides, confondant l’importance du problème avec l’excès de ses
solutions, et visant plus à modifier le monde, ses structures et ses
fondements, qu’à sauver la planète (qui s’en fout !) et l’humanité. Or la
vraie écologie ne s’imposera pas dans l’orthopraxie (l’agir droit) du pur et du
zéro déchet, mais dans l’orthodoxie (le penser droit) d’une humanité consciente
de sa fragilité et apprenant à habiter le monde en poète, dans une véritable
écologie de l’esprit.
Ce simplisme totalitaire écologiste consiste à faire le bonheur des gens malgré eux, dans une négation des libertés fondamentales, de l’esthétique et du passé, au profit d’un changement radical de nos habitudes et de nos identités. Suivant la vieille antienne révolutionnaire consistant à faire le bien du peuple en le corsetant, ces Robespierre aux pieds verts n'ont aucun problème à arrêter des mesures tyranniques suivant le principe qu'au-dessus des considérations de liberté, de tolérance, d'esthétique ou de patrimoine, se trouve la sacro-sainte lutte pour le climat (dont ils se servent en fait comme alibi).
"Point de liberté pour les ennemis de la liberté" s'exclamait Saint Just. Cette politique liberticide et prétendument écologique se trouve en fait être le Cheval de Troies d'une vision crypto-communiste du monde-d'après. Toutes les règles absurdes qui répondent à l'agenda vert anti-progrès, régressif, liberticide, anti-patriarcal et décroissant de l'écologie politique est une version athée de la culpabilité judéo-chrétienne de petits bourgeois gâtés. Nous devons payer pour notre consommation libérale car elle est injuste.