Pour la quatrième exposition depuis son ouverture, La Patinoire royale
s’immisce au cœur de l’univers baroque et extraverti du sculpteur Joana
Vasconcelos avec cette grande rétrospective, la première jamais organisée en
Belgique, qui confronte le gigantisme du lieu au travail de cette artiste
protéiforme. Joana Vasconcelos, la Portugaise née en France, fut la première -
et à ce jour la seule - femme invitée à
Versailles en 2012 pour une exposition magique et festive. La plus jeune
artiste ayant jamais exposé à Versailles investit aujourd’hui la totalité des
espaces de la Patinoire à Bruxelles : la nef et sa fascinante charpente en
bois, la galerie sous verrière et le Lab, espaces annexes situés au premier
étage et au rez-à-rue.
Détail de "Material Girl", 2016 |
Si le monde des paruriers, fournisseurs de grandes maisons de couture, a été qualifié à raison d’ « industrie du sourire » par sa capacité à apporter de la lumière, de la fantaisie et de la joie aux œuvres auxquelles il donne du brillant, c’est aussi avec un immense sourire que l’on aborde cette exposition rendant hommage à une création tellement féminine, incarnée dans des œuvres monumentales, mais également dans des productions beaucoup plus intimistes.
Joana Vasconcelos a transformé cette pratique de l’aiguille en pure
expression artistique, parfois monumentale, où la démesure le dispute à
l’excentricité, dans une recherche jamais démentie d’extravagance et d’excès,
n’excluant ni finesse ni excellence.
Animaux et statues paraissent recouverts d’une mantille de dentelle tout
en pudeur, conférant à leurs formes tellement familières des accents
particulièrement doux et délicats, parfois inquiétants, mais toujours raffinés.
L’exposition intitulée à dessein « De fil(s) en aiguille(s) »
invite le spectateur à se faufiler entre les bras d’une pieuvre géante, longue
de plus de 25 mètres, pour ensuite se confronter aux « Douches »,
curieux assemblage de sculptures textiles et de miroirs, se laisser aspirer par
les tableaux textiles « Crochet paintings », débordements incontrôlés
de crochet hors cadre, et s’arrêter devant la sculpture monumentale
« Petit Gâteau», constituée d’une myriade de petits moules à gâteaux.
Une telle exposition est une explosion de couleurs et de formes, une éruption de bonne humeur et d’insouciance, invitant le spectateur à une vaste fête de la perception, qui est aussi une réflexion sur les notions constitutives même de l’art : forme, couleurs, lignes, surfaces, textures, …
Emportant le visiteur dans une virevolte délirante d’exubérance, Joana
Vasconcelos chante également toute la fantaisie dramatique d’un fado portugais.
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