samedi 30 avril 2011

Charles Szymkowicz, palette de consciences.

Je me suis rendu en visite il y a quelques jours à l'atelier du peintre Charles Szymkowicz à Gerpinnes.
Nous nous sommes récemment liés d'amitié. Charles m'a, en effet, contacté pour envisager par quels moyens je pouvais l'aider à concrétiser en Belgique un projet d'exposition qui ferait le pendant à celle qu'il organise à Rome l'année prochaine. Cette exposition présentera une nouvelle direction de l'oeuvre très homogène de Szymkovicz autour d'une variation quasi mélodique sur le thème du Caravage.


Visite du 26 avril dernier à l'atelier de Charles Szymkovicz à Gerpinnes

Szymkowicz est un peintre, avant tout. Un peintre enragé, forcené même, qui triture la peinture avec force dans le grand tambour de son atelier: une pièce relativement étroite et haute, exprimant, trahissant même, par les outils de la peinture (pinceaux, loques, toiles, châssis amoncelés,..), par un amas de reliques, par une stratigraphie de déjections, par l'empilement de pots vides, sa folie picturale, sa nécessaire pulsion de peindre.

Dans le cratère du volcan...

Son oeuvre est quasi entièrement peinte à l'acrylique sur toile et se focalise sur la production de portraits des grandes figures de l'art et de l'esprit, traitées avec violence dans la couleur et la matière. Car si Szymkowicz est un néo-expressioniste, il est aussi et avant tout un matiériste et un monumentaliste. Il traite la figure humaine par de larges touches empâtées qui exacerbent les formes et les expressions. Cette matière est sa signature. Tantôt fluide, tantôt épaisse, elle sculpte la psychologie des regards, la physionomie des visages. En peignant ces visages dans des dimensions largement exagérées, il en accroît la puissance d'expression. Ces visages sont, dans son oeuvre, le fondement du message de Szymkowicz. Ils sont des icônes de mémoire, d'éthique, de grandeur morale, ils constituent les jalons de notre conscience, les balises de notre humanité.
Les couleurs sont souvent acides, peu harmonieuses, déchirantes comme un cri. Le peintre se sert de ces dissonances comme mur d'écho à notre interrogation, à nos doutes, à nos angoisses. Ces couleurs ne rassurent pas: elles aggravent le vertige de notre finitude, de nos limites, face à tant de présence.


Car enfin, la peinture de Szymkowicz est d'abord le lieu d'un retour sur soi, opéré dans le miroir des regards de ces grandes consciences de l'humanité, qui scrutent notre for intérieur en nous rappelant, telle la figure du Commandeur, à notre nécessaire et souvent fuyante rigueur. Cette intéressante confrontation à laquelle nous convie Szymkowicz est essentielle à son expressionisme. Cet expressionisme si cher à la peinture flamande d'un Frits Van der Berghe, d'un Gus De Smet ou même de James Ensor, Szymkowicz le revisite à travers cette grande galerie de portraits éthiques traités avec la même constante fantaisie que les icônes photocolorées d'images ou de portraits médiatiques de Warhol. Sauf qu'ici, précisément, Szymkowicz offre à voir non pas la vacuité de figures mass médiatiques ou de produits de consommation, mais, par une démarche authentique et sincère de vrai peintre, la vitalité même de l'esprit humain, en ce qu'il a de plus noble et de plus élevé.


En attendant l'exposition de Rome et son pendant belge, Charles Szymkovicz expose à la Galerie La Louve (1, rue Saint-Orban à 6860 LOUFTEMONT) du 8 mai au 2 juillet 2011.

Un documentaire sur la vie artistique de Charles Szymkowicz est actuellement en cours de tournage par le réalisateur Bernard Gillain, sous la forme d'un autoportrait intitulé "Charleroyal ou Le K Szymkowicz", avec la Voix de Michel Bouquet.