mercredi 24 septembre 2014


Yves ZURSTRASSEN ou La Peinture déchirée…

 
En vue de son exposition personnelle à la Galerie Valérie Bach du 13 septembre au 1er novembre 2014, le peintre Yves Zurstrassen a produit cette dernière année une série de toiles, toujours en grand format, exprimant dans la bichromie noir et blanc sa sensibilité tout en délicatesse et en citations.
 

On sait combien est sincère le travail de ce peintre, qui n’a jamais renié la peinture, la vraie, celle qui se relie, par les techniques et les matières utilisées, à l’histoire de la grande manière picturale. Ses moyens d’expressions sont simples  car traditionnels, mais d’une savante complexité conceptuelle.
Inlassablement depuis près de 40 ans, il remet sur le métier une pratique très concentrée de la peinture, archivant, cataloguant et documentant son œuvre tel un chercheur obstiné, au sein de son grand atelier. En alchimiste moderne, Yves Zurstrassen interroge cette matière qui le fascine, cherchant dans le passage des brosses, dans les épaisseurs des formes pochées, dans les mats et rudes à-plats de noir, une métaphysique à sa quintessentielle nécessité de peindre. Dans une dialectique très savante, il affronte cette gestuelle spontanée, parfois violente, mais jamais rageuse, au délicat souci du motif floral, stellaire, ondulant, volatile, images répétitives. C’est dans la déchirure – la peinture déchirée - qu’il exprime sans doute cette fertile opposition, ainsi que dans l’affrontement sourd et lumineux du blanc et du noir.

Ce Gargantua, soucieux du détail et du fini, présente ici un travail empreint de ferme bonhomie, à son image. Il répète les motifs du pochoir à l’infini, dans des variations sur un même thème, disant en creux et sur chaque toile un message fait d’observation des grands maîtres universels, anonymes ou non. Car ils ne sont jamais loin les Nabis, les Twombly, les Richter et les Matisse, dans sa recherche de motifs archétypaux et décoratifs, confrontés au vif et vivant bouillonnement de la génération spontanée de formes et de glyphes. Yves Zurstrassen peint comme il est : vrai. Vrai comme ces formes multipliées, ici violentés par la déchirure du support lui-même, encore frais. Yves ne cache pas ses emprunts au Japon, aux célèbres Katagami, ces pochoirs utilisés dans la décoration textile ; il fait humblement référence à la graphie aborigène en l’introduisant dans une facture européenne. Il n’y a pas de faux-semblants, pas de mystification. Juste la peinture déchirée, en ombres et lumières, révélatrice de nouvelles picturalités.